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Par Raymond BORNECK, 2016
Répartition des nids d'abeilles monocadres en Asie. Extrait de Bees and beekeeping, Eva Crane 1990. Aa : andreniformis, Abi : binghami, Abr : breviligula, Ad : dorsata, Af : florea, Al : laboriosa, Av : vechti (seulement dans une petite région).
Cette carte représente les régions d'Asie fréquentées par des abeilles du genre Apis et monocadres (ne bâtissant qu'un seul rayon). Elle mentionne des espèces ainsi que des variétés confirmées ou possibles. Dans cette petite brochure je ne parlerai que d'apis laboriosa, Apis dorsata et apis florea (soulignées). Ces trois espèces, deux géantes et une naine, ont la particularité de ne construire qu'un seul rayon par nid ; elles ne sont pas élevées en ruches et vivent à l'état sauvage. Connues assez tardivement, elles n'ont fait l'objet que d'études très incomplètes. J.C.FABRICIUS, (1743 - 1807) entomologiste danois et disciple de Linné, les a classifiées sous les appelations d'Apis laboriosa, Apis dorsata et Apis florea. Le français M.FOUGERES a présenté sur elles une communication lors du congrès international d'apiculture de 1902 à Hertogenbosch (Pays-Bas). En 1933 ont paru deux articles les concernant du chercheur français C.TOUMANOFF.
Apis laboriosa est une espèce vivant principalement dans les hautes vallées de l'Himalaya : la province de Yunnan en Chine, le nord est de l'Inde, une partie du Bengladesh et le Nepal. On la surnomme "l'Abeille de l'Himalaya". Cette abeille noire à l'abdomen rayé de blanc est aussi la plus grande de tout le genre Apis ; une ouvrière mesure environ 3cm, soit plus du double de notre Apis mellifera. Son nid est installé sous les surplombs des falaises et les auvents des bâtiments. Il comporte un rayon unique, vertical et jamais près du sol. De forme arrondie, il mesure 80cm de large sur 1m de haut, son épaisseur varie selon sa composition ; de 8cm à la partie supérieure contenant les réserves de miel elle diminue rapidement pour accueillir le couvain des mâles et des ouvrières ; celui des reines pend à la partie inférieure. Pour maintenir la température du couvain et le protéger toutes les beilles de la colonie se rassemblent sur le rayon en plusieurs couches. Leur comportement défensif est impressionnant : elles dressent leur abdomen à 90° et effectuent des mouvements ondulatoires répétés accompagnés d'un bruissement d'ailes perceptibles à l'oreille ; ce qui leur a valu une réputation excessive d'agressivité. C'est une abeille migrante : pendant les sept mois de la saison froide (d'octobre à avril) Apis laboriosa peut descendre jusqu'à 850m d'altitude et profiter de l'abondante floraison des vallées. Au cours des cinq autres mois (de mai à septembre) elle vit entre 2500 et 3500m ; c'est une période peu productive bien qu'elle soit capable de butiner à une altitude encore supérieure. Elle revient ensuite bâtir un nid presque au même emplacement que l'année précédente. Cette abeille est moins agressive que sa réputation ne le laisse croire et plusieurs méthodes de récolte ont été utilisées. Au Sud-Vietnam et au Cambodge, Apis dorsata fréquente depuis longtemps les forêts marécageuses de lelaleucas, arbres voisins des myrtes, ou vivaient de pauvres gens. Depuis le début du XIXème siècle une forme d'apiculture y était pratiquée : on installait, entre deux piquets et à 2m de hauteur environ, un chevron enduit de cire sur sa face inférieure pour inciter les abeilles à y bâtir leur nid. Cela facilitait les récoltes effectuées plusieurs fois par saison. Cette "Apiculture de chevrons" (rafter beekeeping) a permis aux habitants de survivre. Son miel très humide, très apprécié, servait à payer les taxes de résidence en forêt. La cire, outre son utilisation pour les chandelles, était vendue aux bateaux de passage ; c'était aussi un moyen de paiement. Depuis 1950 cette technique a été pratiquée en Indonésie. Entre 1945 et 1975 cette apiculture originale a beaucoup souffert des guerres et de la déforestation pratiquée pour développer l'agriculture. Mais actuellement elle est à nouveau utilisée et se révèle très rentable.
En Inde, une autre technique a été utilisée ; d'après R.B.MUTTO (1952-1953) et MAHINDRE (1968-1971-1977), la récolte du miel se fait directement sur les rayons construits dans les arbres. A la tombée de la nuit on place sur le rayon une pince entre les réserves de miel, en haut, et le couvain situé au-dessous. Cette pince est faite d'un gros bambou refendu de 45mm de diamètre et un peu plus long que le nid (1.5 à 1.8m). une de ses extrémités est fermée par une charnière en cuir souple vissée solidement sur chaque morceau ; l'autre extrémité se ferme avec un anneau coulissant assurant le serrage. Les cellules de miel sont découpées et le couvain est alors déplacé, à l'aide de la pince, sous une "planche attractive", enduite de cire à sa face inférieure et attachée aux branches de l'arbre d'accueil. Les abeilles viennent y reconstituer les réserves de miel pour une nouvelle récolte. Le nid d'abeilles, ainsi limité au couvain, peut être déplacé de nuit dans un endroit même très éloigné du précédent. Pour éviter les piqûres l'apiculteur s'enduit la peau de sève de la plante Amomum aculeatum qui calme et fait reculer les abeilles. La troisième espèce sauvage, Apis florea, est une abeille naine, mesurant 6 à 7 mm pour l'ouvrière et jaune rayée de blanc. Elle vit également dans toutes les régions chaudes d'Asie, des forêts jusqu'aux steppes. On la rencontre dans des creux de roches, plus fréquemment sur des branches d'arbustes et à l'intérieur même des bâtiments. Elle ne nidifie jamais dans des endroits élevés mais plus souvent à portée de main. Elle supporte -2°C de froid, jusqu'à 1500m d'altitude et ne migre pas. Elle aussi bâtit un rayon unique et vertical, de seulement 15 à 16cm de diamètre dont le gros bourrelet supérieur contient les réserves de miel ; elle les protège en fabricant, de chaque côté de la branche soutenant le nid, un anneau de propolis qui empêche es fourmis pillardes de s'approcher... Chaque rayon produit au plus 1Kg de miel servant de médicament pour les yeux, les rhumatismes... Apis florea est aussi une bonne pollinisatrice. Cette petite abeille est très douce et le promeneur gourmand peut, au passage, lui dérober sans risque un peu de son miel. Ce miel sauvage, très apprécié, avait un taux d'humidité supérieur à 18% ce qui l'empêchait d'être commercialisé hors de l'Asie. Dans ces régions existait aussi, depuis très longtemps, une autre espèce, Apis cerana, abeille domestique élevée en ruche. Ne bâtissant que quelques rayons, elle était peu productive d'un miel qui, moins humide que le miel sauvage, aurait pu être exporté. D'autres abeilles étaient également élevées en ruches, mais leurs cadres, pas toujours mobiles, rendaient difficile l'extraction correcte qui aurait pu corriger l'excès d'humidité de leur miel. Les miels d'Asie n'étaient donc pas exportables. En 1980, le CCI (Centre du Commerce International) et la FAO (Organisation pour l'Alimentation et l'agriculture) mettent sur pied un programme de développement des ruches et des cultures fruitières. Les abeilles devaient à la fois polliniser les champs de fraisiers, litchis... et produire un miel conforme aux normes internationales. En outre, sous l'influence des apicultueurs chinois, notre abeille, Apis mellifera, est systématiquement introduite pour fabriquer de la gelée royale. Son élevage s'est plus rapidement développé que celui d'Apis cerana. A la fin de l'année 1980, ces deux organismes m'ont envoyé en Thaïlande, au Bengladesh et au Nepal pour trois missions qui ont duré du 8 au 28 novembre. Il fallait analyser les possibilités de développement et de ventes de l'industrie apicole concernant les abeilles sauvages et les abeilles domestiques. Le problème était que les paysans préféraient faire du "poppi" (pavot) pour la fabrication de l'opium ; en effet celui-ci leur était immédiatement et bien payé par les contrebandiers ramasseurs. En conséquence, ils abandonnaient les cultures fruitières mises en place par la FAO et que devaient polliniser les abeilles domestique, en particulier Apis mellifera récemment introduite pour la gelée royale. Je me suis intéressé particulièrement aux abeilles sauvages qui produisent la plus grosse partie du miel commercialisé et dont j'ai pris de nombreuses photographies. En février 1992, à Bangkok, j'ai soutenu, au nom d'Apimondia, la conférence internationale sur les abeilles d'Asie et leurs parasites. J'ai pu constater l'importance des travaux scientifiques réalisés depuis mes premières missions : l'élevage d'Apis mellifera était en progression ainsi que les cultures et la fabrication de la gelée royale. L'Asie est le seul pays du monde ou vivent des abeilles ne bâtissant qu'un seul rayon ; leur miel très recherché, utilisé en médecine, mais trop humide, est encore vendu sur place et , comme on l'a dit, 5 fois plus cher que les autres. Apis dorsata continue, même aujourd'hui, à être la plus importante productrice de miel et Apis florea reste toujours la plus proche descendante vivante de l'antique abeille mellifère retrouvée dans les ambres fossiles vieux de 45 millions d'années.
Sources
Travaux de M.FOUGERES (1902), C.TOUMANOFF et J.NANTA (1933), F.G.SMITH (1953-1958), T.MAA (1953), D.W ROUBIK, S.F. SAKAGAMI et L. KUDO (1935), M. MATSUURA et K. ITO (1980), N. KOENIGER (1975-1976-1980-1988), F.RUTTNER (1988), PHUG HOUCHN (1991). Rapports des missions de Raymond BORNECK (1980 et 1992) en Thaïlande, au Bangladesh et au Nepal. Ces rapports sont consultables à la Médiathèque de Dôle (Jura). Interdiction des pesticides tueurs d'abeillesL'assemblée a finalement voté pour l'interdiction d'utilisation des néonicotinoïdes à partir de septembre 2018. Des dérogations peuvent par contre être accordées jusqu'en juillet 2020 au terme d'un bilan comparant "les bénéfices et les risques". Article France agricolePour télécharger cet article cliquez ici. Cet article nous vient de France Agricole. Identification des Frelons et comment leur mener la vie dureIdentifier les frelons asiatiques
Les frelons asiatiques sont déjà présents dans la plupart des régions de France, et celà va empirer, aucune région ne sera épargnée. Le nord de la Loire, la Belgique et la Hollande seront bientôt colonisés. Néanmoins en étudiant le cycle de vie de ce frelon, on s'apperçoit que nous pouvons agir très utilement et individuellement contre ce fléau. En effet, les nids construits dans l'année se vident de leurs habitants en hiver car l'ensemble des ouvrières et des mâles ne passent pas l'hiver et meurent. Seule les reines se camouflent dans les arbres creux, sous des tas de feuilles, dans des trous de murs, etc... Pour en ressortir courant février et commencer à s'alimenter. C'est à ce moment là que nous pouvons agir en disposant des pièges dans nos jardins ou sur nos balcons en ville afin d'attraper les futures fondatrices de nids. 1 reine = 2000 à 3000 individus ! Pour remplir le piège, versez à l'intérieur un mélange de 1/3 de bière brune, 1/3 de vin blanc (pour repousser les abeilles), 1/3 de cassis. Il suffit de laisser en place ces pièges de la mi-février à la fin avril. Si vous souhaitez vous équiper en pièges à frelons n'hésitez pas à les commander à la Coopérative Apicole du Jura en cliquant ici. Un aperçu du piège à frelons (ref : 05 12 005) : |